Le 25 janvier 2014 en ouverture de la Semaine du Son,
nous proposions au Conservatoire Francis Poulenc de Nogent : « LES RUMEURS DE LA VILLE »
Pour cette expérience avec les élèves des classes de « Culture Musicale », nous souhaitions nous inscrire dans la lignée de ceux qui utilisent:
– LA VILLE comme matière
– LA MARCHE et l’ERRANCE comme supports de création
– LE MONDE comme partage
Si nous étions pleins d’enthousiasme, nous étions également plein d’interrogations.
- Quelle serait la réaction des élèves, plutôt habitués aux notes et aux partitions, face à cette proposition de composition artistique à partir des ambiances de leur ville?
- Comprendraient-ils notre envie de travailler ce matériau comme nous travaillerions de la pâte à modeler ?
- Aurions-nous le temps dans un délai si court (3 mois à raison de ¾ h de cours par semaine) d’arriver à bon port ? Car il nous fallait apprendre à écouter, apprendre à enregistrer, apprendre à composer, apprendre à travailler cette matière nouvelle.
- Quelles seraient les réactions des auditeurs pour ce concert d’un genre nouveau ?
Le résultat a dépassé toutes nos espérances.
Inédit pour eux, ce projet a permis aux élèves de cycle II d’entrer extrêmement rapidement dans un monde sonore jusque là in-ouï. Bien que l’exercice soit assez inhabituel ; se rendre dans la ville pour l’écouter comme on ne l’écoute jamais : comme une palette aux infinies possibilités créatrices et les outils presque totalement inconnus, l’adhésion fût rapide, une fois l’étonnement initial passé..
Mais notre plus grande satisfaction est venue du plaisir qu’ils ont pris à jouer avec ces sons « étranges ». Certains « bruits », habituellement perçus comme des nuisances, se sont même transformés en autant d’instruments permettant de composer une partition sans complexes.
Notre rêve était dépassé ; ils commençaient à s’approprier leur environnement sonore. Je pense qu’ils sont à toujours marqués, par cette expérience d’une écoute différente et par ces compositions d’une musique jusque là inconnue.
Les réactions des habitants à l’écoute du « sentiment de l’autoroute », interprétation personnelle du son de leur ville, ont été extrêmement touchantes. Elles nous confortent dans l’idée que les gens sont souvent des mélomanes de la ville qui s’ignorent car ils savent entendre les beautés sonores de l’ordinaire. Là aussi tous ont dit avoir vécu une expérience sensorielle nouvelle.
Ce 25 janvier 2014 fut pour moi, une journée parfaite où tout s’harmonisait.
Avions touché l’effet « Shawaradji » ?
Jean-Marc L’HOTEL
La presse locale