Marche et Rêve (2/2) : Qu’ai-je appris de mes spectateurs ?

  Qu’ont-ils ressenti de Paris ?

Tous ceux qui ont accepté de s’abandonner, qui se sont laissés envelopper, qui ont accepté d’être pris par la main, ont voyagé, non seulement au cœur de la ville, mais en eux-mêmes. Marcher est également un voyage intérieur lorsque le son remplit l’espace et que l’on laisse les images vous traverser.
Tous ont utilisé les mêmes mots:
–   Redécouvrir un Paris cosmopolite et poétique. Marcher dans les traces de la vie
–   Se baigner dans la musique de la ville

L’émotion partagée devant cette expérience sensible de la troisième dimension du son m’a profondément touché. La prise en compte de la composante verticale du son, jusqu’à présent déclarée non pertinente fait ici, une entrée probante.

Comment aurais-je pu imaginer qu’une matière aussi ingrate, aussi banale, aussi décriée que les sons du quotidien de Paris puisse susciter un tel transport ?
Comment aurais-je pu imaginer qu’au lieu d’une écoute polie de  quelques minutes, certains attendraient la suite de l’histoire au point de rester plusieurs heures à écouter ?
Comment aurais-je pu imaginer la vitesse avec laquelle beaucoup sont partis sur les chemins de l’imaginaire ?

De cette expérience MARCHE et RÊVE, je peux maintenant affrmer…  Que la richesse in-ouïe qui nous entoure peut être partagée.
Que la richesse rencontrée lors de ces marches, provient de sa diversité mais également de l’humanité que l’on y perçoit.
Que la beauté de l’ordinaire est un chemin étroit sur lequel nombreux m’ont suivi.
Que l’écoute de notre environnement sonore est une certaine façon d’être au monde.
Qu’avant d’apparaître comme un «être social», nous sommes «des êtres  sensibles», des capteurs.
Que nous avons vécu une expérience collective qui nous a procuré du  plaisir et de nombreux échanges.
Que la poésie n’a pas complètement disparu du soi-disant vacarme des ambiances urbaines.

Les objectifs étaient :
– De quitter l’écoute repliée et de montrer que cette troisième dimension  du son (la verticalité) avait un sens, et qu’elle était propice à générer des  émotions.
– Que la marche qui rapproche, pouvait rendre proche.
Qu’elle nous faisait expérimenter physiquement notre rapport à l’autre.  Qu’elle nous permettait d’«être avec» au lieu d’être «en face». Cette com-  préhension que nous sommes acteurs et non observateurs détachés de  la scène que nous enregistrons, est une avancée majeure dans la maîtrise de notre positionnement.
– Que c’est dans ce corps à corps avec la matérialité de la ville que nous arrivons à faire corps avec le monde.

Ainsi je me dois de remercier l’ouverture d’esprit de mes spectateurs  sans laquelle cette expérience n’aurait pu fonctionner.
Certes certains ont été sensibles à mon point de vue.
Certes mon interprétation de la ville a trouvé une résonance. Certes le choix du principe de restitution d’un son réellement en 3 dimensions dans le CUBE (système premier de Son en Relief) a semble-t-il permis de rentrer extrêmement rapidement dans l’histoire. Mais c’est la sensibilité du public qui a rendu cette alchimie possible.

Ecouter avec un autre regard a amené à ce que certains d’entre eux ont appelé une « redécouverte » de la ville, de sa vie, de ses habitants. Au point d’aller jusqu’à l’apaisement.

Nous arrivons bien loin des idées préconçues.

Jean-Marc L’HOTEL / architecte sonore        Février 2013

N’ayant jamais eu la prétention d’inventer l’eau tiède, mais simplement de  m’inscrire dans les traces, de poursuivre le travail d’autres, de rassembler  plusieurs pratiques ; voici quelques autres « urbains sensibles »

Ecouter Paris  http://www.ecouterparis.net/

http://www.facebook.com/pages/Ecouter-Paris/181301068546817?v=wall

Dérives Urbaines  http://derivesurbaines.com/Derives_urbaines/Accueil.html

Crédits images: Pauline L’hotel

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