Une intervention et deux crashs d’ordinateur plus tard, me voici de nouveau devant mon clavier de composition.
Dire que la forêt me manquait est très en dessous de la vérité.
Si, l’écouter est déjà pour moi une source inépuisable de joie, tenter de faire émerger une musique organique de cette matière brute, m’émeut à chaque fois.
On ne discute pas la nécessité pour un peintre de peindre, pour un musicien de composer, pour un photographe d’arpenter le monde. C’est un fait, chercher à saisir les vibrations qui nous entourent, tenter d’entrer en résonance, est nécessaire pour se sentir vivant, là, au milieu. Sentiment de plénitude lorsqu’on est relié au monde, lorsqu’on entend celui-ci nous parler au plus profond. Communion qui nous traverse et nous transforme.
Pendant des années, j’ai essayé de mettre en lumière l’entrelacs des fils invisibles qui nous relient. Cela m’a permis de comprendre que les chants de la vie sont des échanges, des dialogues, dans toutes les directions. Même la verticale, car la terre sonore n’est pas plate. Que, contrairement à l’idée que l’on s’en fait, le plus important n’est pas la source sonore, mais les échos qu’elle suscite. Que pour entendre l’invisible, il fallait accepter d’en faire partie.
Avec à chaque fois, la même surprise : ces sons que je réussi à faire émerger, que j’ai aimé assembler, je les ai déjà entendus chez d’autres compositeurs. Évidemment, j’ai forcément poussé les curseurs pour les faire apparaitre, mais je ne les ai pas créés, je ne les ai pas joués. Ils étaient là, présents. Je les ai juste révélés.
C’est une évidence, nombreux sont ceux qui, avant moi, ont eu cette capacité à se mettre à l’écoute.
Ce sillon que je creuse depuis toutes ces années s’appuie sur une juxtaposition instantanée de possibles unissons, sur une expérimentation de la pensée primitive. Il est donc tout à fait possible que vous n’entendiez jamais deux fois le même morceau suivant votre état d’esprit.
Alors, de nouveau, durant ce travail printanier, j’ai suivi les traces de mon histoire sonore.
En plus du son d’origine, quelques minutes dans la forêt de Boutissaint, dans l’Yonne, au mois de juin, je vous fais trois propositions sonores.
En bleu, ce sont parmi les premiers outils que j’ai utilisés lorsque j’ai commencé à emprunter ce chemin. Je les aime toujours autant, même s’ils sont parfois rugueux.
En vert, durant toute une seconde période, j’ai essayé d’entendre les résonances, d’entrer en vibrations. Je remercie tous ceux qui ont inventés ces outils magiques.
En orange, je m’approche aujourd’hui de plus de légèreté, de plus de « musicalité ».
Trois étapes de création, avec pourtant à chaque fois la même idée : travailler avec des outils qui se synchronisent au tempo. Seuls les musiciens me suivront peut-être sur cette formulation, mais elle a son importance.
Alors, bonne écoute, merci d’être passés par là et restons en contact.
Vous pourrez retrouver les sons sur la page Bandcamp.
https://jeanmarclhotel.bandcamp.com/album/untitled-album
AMB01 06 07 2022 La Base, le son de base de la forêt
https://jeanmarclhotel.bandcamp.com/track/amb01-06-07-2022-la-base
MIX 16-13a V27-07 « Ein » version bleue
https://jeanmarclhotel.bandcamp.com/track/mix-16-13a-v27-07-ein-version-bleue
MIX 11-15c 01-08 « Zwei » version verte
https://jeanmarclhotel.bandcamp.com/track/mix-11-15c-01-08-zwei-version-verte
MIX 08h V01-08 « Drei » version orange
https://jeanmarclhotel.bandcamp.com/track/mix-08h-v01-08-drei-version-orange